Le mandat de la banque centrale est de "maintenir la stabilité des prix" et, dans ce cadre, "l'appréciation de l'euro est quelque chose à surveiller attentivement", tels étaient les mots de Christine Lagarde lors de la réunion de politique monétaire de septembre 2020. L’euro se négociait alors pour 1,18 dollar. Il est donc loin le temps où l’on s’inquiétait d’un euro fort et de son effet négatif sur la compétitivité.
S’échangeant désormais sur des niveaux tutoyant la parité avec le dollar, autour de 1,05 dollar, il devient un poids. En effet, sa faiblesse conjuguée à la hausse du prix des matières premières (souvent libellées en dollar), expose les entreprises dépendantes à celles-ci. Elle entretient donc l’inflation importée.
Les niveaux inquiètent autant que les perspectives associées. La guerre russo-ukrainienne, qui entretient une pression sur les prix des matières premières, couplée à une FED plus réactive que la Banque centrale européenne (BCE), ne permet pas de présager d’un raffermissement rapide de l’euro.
A cette situation vient se greffer les perspectives d’atterrissage plus ou moins brutales des grandes économies, et notamment la Chine, qui entretient l’effet valeur refuge du dollar.
On peut cependant imaginer une réactivité plus forte de la BCE face à une inflation qui ne se tarit pas et cette euro « trop faible ». Cette possibilité aurait comme effet de tendre brutalement les taux courts de la zone euro et offrir donc des perspectives de rendements obligataires de plus en plus attrayantes.
BCE et l’affaiblissement de l’euro
Rémi DURAN - Responsable de la gestion taux et performance absolue
Source Agefi - article du 28-04-22