Longtemps plébiscitées quant à leur surperformance relative comparativement aux grandes capitalisations, les petites et moyennes valeurs semblent marquer le pas au cours de la période récente, particulièrement sur le dernier cycle haussier achevé fin 2021 : sommes-nous entrés « dans la fin de l’histoire » ?
Évidemment, le propos est à nuancer, tout d’abord pour des causes propres, ensuite pour quelques particularités attachées à leurs compétitrices des grandes valeurs.
Nous replonger dans l’époque de la bulle des années technologiques et de son éclatement en mars 2000, nous permet tout d’abord de constater qu’au cours de ces 22 exercices annuels achevés, dans la majorité écrasante des cas, la surperformance des petites et moyennes sur les grandes est réelle et ce, sur longue période, encore davantage pour les moyennes relativement aux petites. Le 21ème siècle est jusqu’à présent l’âge d’or des valeurs moyennes !
De même, quelle que soit la mesure effectuée, à chaque sortie de crise (2003, 2009, 2011, 2020), le rebond des petites et moyennes capitalisations est bien plus marqué : une élasticité-prix plus élevée laquelle reflète des résultats qui rebondissent plus hauts, plus forts et plus vite.
Alors l’histoire a-t-elle changé ?
Si évolution il y a, celle-ci débute davantage à l’aune de la fin d’année 2018 que beaucoup plus récemment. En effet, à cette date, le problème intrinsèque de la liquidité de cette classe d’actifs s’est révélé plus prégnant du fait à nos yeux d’un déséquilibre entre l’offre et la demande. La création d’un artifice fiscal supplémentaire et de sa montée en puissance, le PEA-PME, quand bien même affublé d’échec relatif relativement à l’ambition démesurée de souscriptions nouvelles, a multiplié les fonds nouveaux et donc la constitution de portefeuilles alimentés par les mêmes titres, puisque les émissions nouvelles (IPO et AK) étaient insuffisantes en quantité et en qualité. De fait, la moindre étincelle casse l’allant de la classe d’actifs considérée, alors qu’il devient impossible de tourner les portefeuilles sans accélérer la volatilité. Les investisseurs sont quelque peu refroidis.
La COVID et certaines de ses conséquences ont enfin bouleversé les petites et moyennes capitalisations : la promesse des biotechs puis les désillusions en est la plus prononcée.
Surtout, les grandes capitalisations à la française ont abattu leur carte maîtresse : un indice gorgé de valeurs du luxe, les seules adulées dans cette période récente ! Catégorie absente chez les petites et moyennes capitalisations… Ainsi a été l’écart de performance.
Le premier semestre 2022 ne permet évidemment pas d’évoquer « la fin de l’histoire » bien au contraire, ne serait-ce que par les paradoxes soulevés et les habitudes confortées. Voilà en effet une première partie d’année laquelle fait briller le cœur des valeurs moyennes en relatif ! Cela demeure un peu plus compliqué pour les plus grandes de celles-ci, donc l’antichambre des grandes, mais également pour les plus petites…et le PEA-PME.
Simplement, il ne faut jamais perdre de vue qu’une petite et moyenne capitalisation qui réussit devient une grande capitalisation et fait briller alors cette ultime catégorie : le cycle de vie entre dans l’histoire.
Laurent PANCE - Spécialiste OPCVM France Midcap et Smallcap