Les hausses de taux réalisées par la Bank Of England (BOE) sont en train de rapporter, actuellement, davantage aux épargnants qu’elles ne coûtent à ceux qui remboursent des crédits.
En agrégé et selon les données publiées par la BOE, l’épargne des ménages au UK croît de 10Mds£ (net du coût du crédit) en rythme annuel à la suite des différentes hausses de taux réalisées. Alors que cette politique monétaire restrictive mettra du temps à se diffuser dans le coût du crédit, ce sont les épargnants qui profitent le plus de cette hausse immédiate de revenus.
Ceci explique pourquoi le Gouverneur de la BOE, A. BAILEY, et ses collègues font face à des difficultés pour faire revenir l’inflation la plus élevée du G7 vers leur cible de 2%.
En effet, 85% du stock de dettes au UK est à taux fixe, ce qui ralentit la diffusion de la politique monétaire.
Aux taux actuels, les épargnants gagnent 24Mds£ de plus par an qu’en novembre 2021, un mois avant que la BOE ne commence son cycle le plus agressif de hausse de taux en trois décennies. La hausse du coût de la dette est de seulement 14Mds£.
Cela semble donc remettre en cause les plaintes du gouvernement britannique qui affirme que les banques ont été trop lentes pour améliorer la rémunération des épargnants.
Selon le sondage GfK du mois de juin sur la confiance des consommateurs, les répondants ont d’ailleurs globalement affirmé que leurs finances personnelles s’étaient nettement améliorées le mois dernier, malgré les hausses de taux.
Cela explique pourquoi la politique monétaire restrictive est moins efficace actuellement qu’en 2008, puisque l’épargne accumulée pendant la pandémie (autour de 200 Md£) atténue l’impact de ces hausses de taux.
Cependant, environ 1,5 millions de crédits à taux fixe devraient arriver à terme au UK en 2024, ce qui pourrait entraîner un « credit crunch » et faire bondir ce coût du crédit.
Thomas BASSIBE - Gérant taux
Source Le capital - article du 1 juillet 2023