L’environnement de marché en 2025 est marqué par un retour en force du risque géopolitique. Tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, instabilité institutionnelle en Europe, conflits persistants au Moyen-Orient : ces événements ne sont plus périphériques, mais centraux dans les processus de décision des investisseurs. La volatilité induite par ces chocs exogènes redéfinit les équilibres de marché et oblige les gérants à réajuster en profondeur leurs allocations.
À titre d’exemple, le déclenchement de la guerre en Ukraine a engendré une onde de choc sur les marchés financiers, entraînant une forte hausse de l'inflation et un krach obligataire d'une ampleur rarement observée. Cet événement a non seulement perturbé les chaînes d'approvisionnement, mais a également exacerbé les craintes liées à une instabilité économique mondiale.
De même, l'annonce par les États-Unis d'une augmentation des droits de douane sur l’ensemble de leurs exportations a précipité une chute significative des marchés. Les investisseurs ont réagi par une forte appréhension face aux perspectives d'une récession majeure, conjuguée à une inflation galopante, un scénario particulièrement redouté en raison de ses conséquences négatives sur la croissance et la rentabilité des entreprises.
Dans ce contexte, la gestion diversifiée ne peut plus se contenter d’une répartition classique entre classes d’actifs. Elle doit intégrer en temps réel des facteurs géopolitiques dans son analyse de risque. La remontée des primes de risque souverain, les mouvements erratiques des devises ou les hausses ponctuelles sur les matières premières sont autant de signaux à décrypter et à intégrer dans les portefeuilles.
En tant que gérant, cela implique une plus grande réactivité tactique : ajustement des expositions géographiques, arbitrages sectoriels ciblés – notamment en faveur des valeurs défensives ou liées à la sécurité énergétique – et renforcement des dispositifs de couverture. Les instruments dérivés, les ETF thématiques ou encore les poches de liquidité deviennent des outils clés de pilotage dans cette phase de marché.
Mais la géopolitique ne crée pas uniquement du risque. Elle ouvre également des fenêtres d’opportunité. Les corrections de marché liées à des chocs politiques ponctuels permettent d’initier ou de renforcer des positions sur des actifs sous-évalués, dans une logique contrariante mais structurée. L’enjeu est de distinguer le bruit conjoncturel des mouvements durables.
Dans un monde où les tensions géopolitiques influencent de plus en plus directement les valorisations, la gestion active retrouve toute sa légitimité. La diversification ne se pense plus seulement en termes d’actifs, mais également en termes de scénarios, de zones d’influence et de résilience. Plus que jamais, elle devient un exercice stratégique.
Kamal CHANCARI - Gérant du fonds Palatine Amérique & Responsable de la Gestion Diversifiée et de la GSM