L’explosion - le mot est faible- des prix de l’énergie en Europe cette année a de multiples causes dont la guerre en Ukraine ne fut que l’ultime catalyseur. L’Europe subit donc une perte de compétitivité considérable par rapport aux Etats-Unis qui ont accès à une énergie domestique bon marché.
Les entreprises européennes font face à une « apocalypse énergétique » annoncée avec l’annihilation de leurs marges si on applique les prix « spot » à leurs besoins théoriques.
Cependant, ce scénario-catastrophe ne semble pour l’instant pas se produire, même si la situation est sérieuse et que nous ne voulons pas ici sous-estimer les dégâts à long terme qu’une tension prolongée pourrait causer sur les secteurs les plus énergivores comme le ciment, l’acier ou la chimie de base.
Nous voyons plusieurs raisons à cette relative bonne résistance :
- Les stratégies de couverture amortissent le choc en lissant les hausses de prix sur 12-18 mois ;
- Les hausses de prix de vente passées depuis deux ans font que les entreprises abordent cette situation avec des marges au plus haut ;
- La diversification géographique des grands acteurs leur permet de répartir les charges efficacement ;
- Les mesures de sobriété, même subies à cause du ralentissement, font leur effet, et des sources alternatives d’énergies sont trouvées ;
- Les gouvernements ont pris conscience du problème, même si le soutien massif de l’Allemagne à son industrie (200 Mds annoncés) crée des frictions inter-étatiques;
- La faiblesse de l’euro par rapport au dollar efface partiellement le différentiel de coûts avec les Etats-Unis pour les exportateurs;
Soyons clairs, la situation actuelle n’est pas tenable à terme : les couvertures expirent, les fermetures temporaires d’usines peuvent devenir permanentes, la dette des gouvernements est déjà élevée et l’euro pourrait se renforcer.
Mais la surperformance boursière récente des secteurs cycliques tend à montrer que les attentes du marché étaient sans doute exagérément pessimistes, même si la saison des résultats n’est pas terminée. Et la marche de l’Europe vers des sources d’énergies durables, domestiques et décarbonées est engagée.
Ce mois-ci nous souhaitons mettre en avant l’excellent rapport sur l’économie circulaire publié par le FIR et l’Institut National de l’Economie Circulaire sur les pratiques en la matières des sociétés du SBF 120.
Économie circulaire – Premier dialogue avec les entreprises du SBF 120 (frenchsif.org)
Vincent Résillot - Gérant ESG
Source Forum pour l'Investissement Responsable