Dans un monde économique de plus en plus interconnecté, la guerre commerciale actuelle entre les États-Unis et ses principaux partenaires, notamment la Chine et l'Union Européenne, crée un climat de forte incertitude. Les droits de douane élevés, imposés par les États-Unis, perturbent les chaînes d'approvisionnement et exacerbent les tensions commerciales, entraînant des répercussions significatives sur les marchés mondiaux.
Malgré la suspension temporaire de 90 jours des droits de douane réciproques, l'incertitude demeure omniprésente. Les entreprises et les investisseurs doivent naviguer dans un paysage imprévisible, où les politiques économiques américaines peuvent changer rapidement. Ce climat d'incertitude est particulièrement préoccupant pour les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, qui dépendent de la stabilité du marché américain pour leur propre croissance.
Les conséquences de cette guerre commerciale se traduisent par une baisse significative des perspectives de croissance. Les prévisions indiquent que la croissance américaine pourrait stagner autour de 1 % en 2025, une chute par rapport aux près de 3 % enregistrés l'année précédente. Ce ralentissement sera particulièrement marqué dans les secteurs les plus exposés aux droits de douane, entraînant une contraction de l'activité économique et une hausse des coûts pour les consommateurs. Parallèlement, l'inflation devrait rester élevée, avec des prévisions supérieures à 3 % pour les deux prochaines années. Bien que la faiblesse de la croissance puisse permettre à la Réserve fédérale (Fed) de réduire ses taux d'intérêt, l'impact cumulatif des droits de douane pourrait peser lourdement sur les revenus réels des ménages, aggravant ainsi les défis économiques.
Face à cette situation, les gouvernements des autres grandes économies, comme la Chine et l'Union Européenne, pourraient être contraints d'adopter des mesures de soutien macroéconomique plus robustes. La Chine, par exemple, a déjà commencé à mettre en œuvre une politique de relance intérieure pour compenser les effets négatifs des droits de douane. De même, l'Union Européenne pourrait retarder ses efforts d'assainissement fiscal pour stimuler la croissance, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) pourrait adopter une approche plus proactive afin de répondre à une croissance qui pourrait descendre en dessous de 1 % cette année.
Dans ce contexte, trois scénarios peuvent être envisagés :
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Scénario principal : Les droits de douane se stabilisent autour de 20 % aux États-Unis, avec des représailles limitées ailleurs. Une délocalisation lente des chaînes d’approvisionnement et des relations tendues entre les États-Unis et ses principaux partenaires commerciaux, notamment la Chine et l’Europe, caractérisent ce scénario. L’économie mondiale ralentit, et les banques centrales réduisent leurs taux malgré le risque de stagflation aux États-Unis. Sur le plan fiscal, nous assisterions à une baisse des impôts et des dépenses aux États-Unis, à une hausse des dépenses de défense dans l’UE, freinant ainsi l’assainissement budgétaire, et à une Chine soutenant sa demande intérieure à travers des mesures ciblant le consommateur chinois.
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Scénario catastrophe : Le protectionnisme devient la norme et perdure dans le temps, avec des pays contraints de choisir entre les États-Unis et la Chine. Ce scénario impliquerait une chute du commerce mondial, avec des flux de capitaux diminuant, entraînant des faillites d'entreprises. Les déficits budgétaires élevés augmenteraient les primes de risque et le coût de financement.
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Scénario optimiste : Les risques géopolitiques s’atténuent, et les échanges commerciaux reprennent grâce à une coopération visant à réduire le protectionnisme. L’inflation repartirait à la baisse, ce qui donnerait aux banques centrales une marge de manœuvre pour baisser les taux et stimuler la croissance. Le sujet de la déréglementation redeviendrait d’actualité et permettrait de créer de nouvelles opportunités, notamment dans le domaine de l'intelligence artificielle.
En résumé, la guerre commerciale actuelle engendre un environnement économique marqué par le protectionnisme et l'incertitude. Les perspectives de croissance des États-Unis sont préoccupantes, et l'impact sur l'économie mondiale se fait déjà sentir. Les réponses politiques seront cruciales pour atténuer les effets négatifs de cette guerre commerciale, mais la route vers la stabilité économique semble particulièrement difficile. Les acteurs du marché doivent donc rester vigilants et s’adapter face à cette dynamique en constante évolution.
Kamal CHANCARI - Gérant du fonds Palatine Amérique & Responsable de la Gestion Diversifiée et de la GSM