Un des principes centraux de la BCE, qui consiste à décrire globalement lors de chaque réunion sa stratégie des prochains mois dans le but d’éviter toute mauvaise surprise chez les investisseurs, est mis à mal en 2022.
En effet, après avoir déclaré en décembre 2021 qu’une hausse de taux en 2022 était « très improbable », la BCE navigue à vue, au grand dam des investisseurs.
2022 aura vu 4 hausses de taux, et non des moindres, puisque le taux de dépôt a été relevé de 250 points de base, passant de -0,5% à 2% en moins de 6 mois.
La conséquence directe de ce manque de visibilité est la volatilité accrue sur les marchés, y compris sur le marché de taux.
Ce n’est donc pas étonnant que la BCE ait (même si ce genre d’intervention est très rare) clairement affirmé que l’anticipation des niveaux de taux par les investisseurs n’était pas en ligne avec la leur : « ECB needs to do more on rates than markets price ».
Cette déclaration très « hawkish » a donc eu pour conséquence de faire remonter violemment le 5 ans Allemand qui est passé de 1,95% à 2,25%. Cela confirme également que la BCE surveille de près, dans ce contexte délicat, les anticipations de taux des investisseurs et qu’elle est prête à les corriger si celles-ci anticipent une baisse trop rapide de l’inflation.
Il semblerait également que l’institution, après avoir corrigé progressivement le niveau général des taux courts, soit en train de progressivement corriger le niveau général des taux moyen et long terme.
Dans ce contexte, l’équipe de gestion préfère maintenir une stratégie d’investissement sur des maturités courtes dans l’ensemble pour se prémunir contre ses incertitudes.
Thomas BASSIBE - Gérant taux
Source La tribune - Article du 15 décembre 2022